France terre d'accueil ?
J'ai un peu envie de répondre "mon cul !" à cette assertion, mais foin de provocation gratuite et exposons un petit problème que l'on essaie gentimment de noyer sous un sujet tape à l'oeil et polémique. Je veux parler du regroupement familial. Cette idée à la mords-moi le noeud (à supposer qu'Hortefeux ait un noeud) cache la forêt de problèmes qui tournent autour du concept de regroupement familial.
Mais laissez-moi vous conter le pourquoi du comment une personne dénuée de toute considération politique (moi-même en personne, donc !) en soit venue à ce genre de post, alors que ce blog était censé être axé avant tout sur du sexe, de la bouffe et de la musique qui tape dans les tympans.
Je viens régulièrement en aide à une dame qui vient du Congo après avoir donné quelques cours de grammaire française à une de ses soeurs qui m'a recommandée auprès de la première. Mon petit boulot au black de prof de français a rapidement viré à celui d'écrivain public puisque maintenant, j'écris des lettres administratives pour ces dames qui sont bien démunies, rédactionnellement parlant, face à toutes ces lourdeurs bureaucratiques pour chercher un appart', justifier d'absence de papiers auprès de la sécu ou écrire une lettre de motivation. Bienvenue non pas dans la France des Belles Lettres mais des lettres tout court. L'avantage de ce petit job modeste et très peu rémunéré, mais je ne vais pas m'en plaindre, c'est un service avant tout, est que je découvre un autre état d'esprit (les africains ont un mode de pensée quant à la famille et au rapport à autrui différent de celui des européens, ça tout le monde le sait, mais tout le monde s'empresse de l'oublier aussi) et surtout que le métier d'écrivain public n'est pas un de ces métiers disparus dont parlerai Jean-Pierre Pernault si TFOne avait un peu de respect pour les métiers intellectuels. Je vais d'ailleurs suivre une formation auprès du CNED pour en faire un métier à part entière, je me rends compte à présent qu'énormément de personnes ont besoin d'aide dans notre monde de tarés malades de la procédure administrative.
Bref, j'en reviens à mes petites dames du Congo (qui me dépassent d'une bonne tête, ce sont des big mamas) et à une en particulier dont j'ai découvert l'histoire la semaine dernière. Elle s'appelle Marie et a quitté son pays en 1994. Elle n'est pas partie de son plein gré, oh non ! On a juste tué son mari là-bas et persécuté sa famille. Elle m'a avoué avoir maintenant d'insurmontables crises d'angoisse à la vue de soldats en arme. Quand elle est arrivée en France, elle était tellement traumatisée qu'elle n'arrivait plus à parler et souffrait physiquement tant et si bien qu'on l'a enregistrée en tant qu' immigrée malade (oui, c'est un statut, paraît-il) qui justifie sa présence en France et non comme réfugiée politique. Ce dernier statut lui aurait permis de rapatrier ses trois garçons qu'elle n'a pu emmener avec elle. Et donc, voilà Marie qui voit l'organisme chargé du regroupement familial. Cet organisme exige d'elle qu'elle se trouve un appartement de 4 pièces afin d'accueillir ses enfants. Les HLM n'ayant rien de disponible pour elle (sans ses enfants, son dossier ne vaut rien), elle doit se tourner vers les locations privées auprès de particuliers ou d'agence. Or, la totalité de son salaire passe dans le loyer. Il lui reste à peine assez pour se vêtir et se nourrir. 13 ans après, ses enfants ne sont toujours pas admis en France malgré tous les efforts de leur mère. Ils ont grandi et ont eu le temps d'avoir eux-même des enfants qu'ils veulent confier à leur grand-mère pour qu'ils aient une bonne éducation en France. Mais l'administration française n'a pas l'air de vouloir faire un geste. Et puis pensez donc, une dame d'une cinquantaine d'années qui gagne à peine assez pour elle...
Mais ce qui m'étonne avec Marie, c'est qu'elle continue à avoir foi en notre beau pays. Elle me demande à présent d'écrire au président de la république (pas besoin de présenter notre célèbre roquet à talonnettes) et à sa future ex femme. J'ai réussi à la dissuader pour la dernière solution, mais en revanche, je lui ai proposé aussi d'écrire une lettre à la mère Boutin. Pour parler des logements qui coûtent la peau des fesses, des HLM en nombre trop restreints et aussi, de cette idée de test ADN qui fait gueuler tout le monde et oublier que le regroupement familial est déjà un sacré bordel ! Je n'ai aucune confiance en notre système quand il s'agit du bonheur de ceux qui n'ont pas foulé le sol de notre pays dès leur naissance mais j'ai quand même accepté la requête de Marie. Parce que je ne veux pas qu'elle baisse les bras, qu'elle renonce au bonheur de sa famille. Mais j'ai lu un peu partout, dans pas mal de journaux locaux que des instituteurs de village n'obtenaient aucune réponse à leurs lettres de détresse devant la déshumanisation de l'éducation nationale et la fermeture inéxorables des petites classes, que les agriculteurs du salon Space ne recevait des encouragements que du bout des lèvres. Inutile de préciser quel est cet interlocuteur sourd aux appels à l'aide. Beacoup de personnes ont voté pour lui. Beaucoup vont se mordre les doigts jusqu'au sang.
En attendant, je réfléchis aux lettres à écrire, à la tournure que va prendre ma requête. Je vais devoir faire preuve de diplomatie et donc, d'une langue et d'une plume de velour pour bien lécher le cul de ceux à qui mes lettres seront destinées. Mais une lettre pour le président de la moitié des français et une autre pour la mère Dodue de Dieu, ce ne sera pas suffisant. Il faut contacter d'autres organismes, d'autres personnes plus ou moins bien placées dans l'échelle politique. Je doute que tous nos efforts seront suffisant, mais essayons.
Sexe : En anglais, ragnagna se dit :
OH YEAH !!!!
Cookies : ce connard de Bernardo s'est tout goinfré !
Rock'n'roll :